Dimanche 30 juin 2013
A l'approche de l'anniversaire des événements d'Urumqi de juillet 2009 (5 juillet), la situation au Turkestan oriental (Xinjiang en chinois) est de plus en plus tendue pour les Ouïghours (peuple musulman et turcophone, plus grande minorité de Chine). Voir note de ce blog : Graves émeutes à Urumqi. Des milliers d’Ouïgours manifestent leur colère.
Le 26 juin, graves troubles à Lukqun (près de Turpan) : des Ouïghours armés de couteaux attaquent un commissariat de police. La police tire sur la foule. Bilan 35 morts. Selon le World Uyghur Congress (WUC), 67 Ouïghours auraient été arrêtés, le plus jeune âgé de 13 ans. Les incidents auraient éclaté suite au meurtre en avril d'un garçonnet ouïghour de sept ans, battu à mort par un adulte han, crime resté impuni : Uyghur Boy Hacked to Death in Xinjiang.
Le 29 juin, des violences éclatent à Hotan au sud du Turkestan oriental: Suite à un raid de la police autour d'une mosquée pendant la prière - car l'imam aurait dévié son prêche du discours politiquement autorisé -, une centaine d'Ouïghours se seraient attaqués à un poste de police, toujours armés de couteaux. La police aurait tué deux personnes.
Toujours le 29 juin, les médias rapportent un déploiement militaire impressionnant à Urumqi, la capitale du Turkestan oriental. En prévision du triste anniversaire ?
Selon des témoins, la situation, déjà très tendue pour les Ouïghours dont la culture disparaît à vue d'oeil, a empiré depuis les événements de juillet 2009. Les mesures de rétortion sont de plus en plus nombreuses : descentes de police régulières dans les maisons pour "vérifications". Les femmes qui portent le voile traditionnel sont de plus en plus harcelées, ainsi que les hommes qui portent la barbe. Les mosquées sont surveillées. Obligation d'y mettre le drapeaux chinois. Démolitions forcées, dont celle de la ville de Kashgar, perle de la route de la Soie à jamais disparue et transformée en une ville moderne chinoise standardisée.
C'est ce climat de terreur qui conduirait des Ouïghours désespérés à s'attaquer à des commissariats munis de simples couteaux pour en découdre avec le colon han : " C'est par désespoir et colère qu'ils commettent ces actes suicidaires," commente un Ouïghour.
Rien à voir avec le terrorisme, pourtant c'est au nom du terrorisme, brandi comme un étendard, que Pékin écrase le peuple autochtone et sa culture.
Selon le porte-parole du WUC, "Ces attaques à l'arme blanche sont des actes de survie".
Impossible de vérifier le nombre exact de morts et d'arrestations, la presse étant totalement muselée.
Last but not least : la presse officielle chinoise rapporte que les violences ne sont pas dues à un "conflit ethnique" mais au "terrorisme" (sic !).