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Channel: Ouïghours – Sur les routes d'Asie Centrale et du Pakistan
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Portfolio : La sama de Kashgar

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Lundi 15 décembre 2014

Portfolio : La sama de Kashgar

La sama se danse deux fois l'an sur le parvis de la mosquée Id Kah : pour Roza Eid (fin du ramadan) et Kurban Eid, soixante jours plus tard. Les Ouïghours viennent de partout en ce jour saint de Roza Eid, participer et regarder. Mais cette année, la fameuse sama de Kashgar n'a pas eu lieu. Interdite par les autorités.

Öuïghours dansant la sama sur le parvis de la mosquée Id Kah à Kasghar © Sylvie Lasserre
Ouïghours dansant la sama sur le parvis de la mosquée Id Kah à Kashgar © Sylvie Lasserre

Extrait de mon livre "Voyage au pays des Ouïghours" :

"Quand la surnay entonne sa gaie mélopée et le naghra se met à vibrer, une clameur s’élève dans la foule amassée devant la mosquée jaune. Regroupés au bas des marches, une cinquantaine de gamins lèvent la tête et crient joyeusement vers les trois musiciens juchés sur le bord du toit de la mosquée : « Samâ ! Samâ ! » Sifflets et joyeuses interjections ravissent l’atmosphère. Mais ce n’est pas encore le samâ, c’est une autre mélodie. Alors les gamins hurlent de plus belle : « Samâ ! Samâ ! Samâ ! » Les musiciens se font attendre, chauffent l’ambiance. Alors, en chœur, les garçonnets scandent : « Un ! Deux ! Trois ! Samâ ! » Les musiciens ne se décident toujours pas.

Ouïghours dansant la sama sur le parvis de la mosquée Id Kah à Kasghar © Sylvie LasserreOuïghours dansant la sama sur le parvis de la mosquée Id Kah à Kashgar © Sylvie Lasserre

Samâaaa !!!!! Autour d'eux, le parvis est noir de monde. Chacun attend fiévreusement le samâ. Les musiciens poursuivent leur mélopée monotone, la foule se fait de plus en plus impatiente. Des curieux s'adressent à Dilraba : Qui suis-je, que fais-je... Les traîtres espions sont partout, souvent sous des dehors très anodins. Il faut même se méfier des clochards paraît-il. Soudain le rythme change, c'est la mélodie du samâ. On nous fait signe de faire place et c'est parti !

  [...]

Afin d’élargir le cercle, les danseurs repoussent de leurs bras, qu’ils jettent d’un côté puis de l’autre tout en dansant, les spectateurs agglutinés trop près. Tandis qu’ils dégagent ainsi de la place, je ressens chez certains des plus jeunes, aux mouvements de leurs bras, à la fierté impassible qu’affiche leur visage, à la façon aussi dont ils écartent les badauds, une agressivité contenue. Certainement une manière de revendiquer leur culture, mine de rien, ce qu’ils n’ont jamais l’occasion de faire autrement."

Portfolio : La sama de Kashgar


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